… ET ILS NOUS ONT ACCUEILLIS AVEC DES CRIS DE HAINE.......!! ETAT PIED-NOIR FEDERATION DES DEUX RIVES Bonjour mon cher " X " , Je transfère ton message à de nombreux compatriotes qui pourront ainsi, par leurs propres messageries, faire passer ton communiqué à des milliers des nôtres. Âgé de 80 ans maintenant, je continue notre combat commun en pensant à mon Père René Villard (assassiné à 38 ans en 1962) ainsi qu'à mon camarade Jean Llobet (mort en combattant à 19 ans en 1962). Ils n'auront pas connu la France alors qu'ils l'aimaient tant. Pas de Légion d'Honneur, pas d'Ordre National du Mérite, pas de Médaille Militaire pour eux, comme pour tant d'autres morts anonymement en martyrs sur cette terre d'Algérie qui est devenue maintenant une terre étrangère là où les tombes sont devenues des lieux d'aisance et là où les corbeaux se nourrissent encore des os desséchés qui brûlent au soleil. Après nous avoir laissés massacrés, la France nous a exilés et dispersés dans le monde sans nous rendre les 57 domaines qu'elle nous a volés sur le territoire national et qu'elle a donnés sans droit, ni titre, ni paiement à l'Algérie qui a commencé à s'en servir comme des bases de débarquement. Tous les discours, toutes les actions sont respectables. Nous,nous sommes en France mais des milliers d'entre nous ont été expatriés au-delà des terres connues. La Nouvelle-Calédonie devient indépendante. Qui va assurer la vie sauve et la pleine propriété à nos centaines de compatriotes qui survivent sur ces îles du Pacifique ? Beaucoup de promesses, une fois de plus ! Nous verrons à l'usage comment tout cela va se passer. ? Mais si l'on donne l'indépendance à ces terres lointaines, pourquoi ne pas nous rendre les 24.000 hectares qui nous appartiennent, parce que nous les avons payés en France, en nous laissant le droit de choisir notre destin ? Est-ce que nous harcelons les forces de l'ordre ? Est-ce que nous brûlons des voitures dans les cités ? Est-ce que nous incendions les magasins et les bâtiments publics ? Est-ce que nous pillons et nous volons les biens de nos compatriotes ? Je suis un enfant de Bab el Oued ! Est-ce que les enfants européens des quartiers pauvres d'Algérie, de Tunisie et du Maroc ont mérité d'être martyrisés par les uns et les autres, y compris par l'armée française qui défilera victorieusement demain ? Est-ce que l'on a dénombré toutes celles et ceux qui sont morts dans les villes et dans les campagnes en subissant les pires outrages mais aussi dans les camps d'internement et sur les routes de l'exode ? Oui, la seule parole publique qui a résonné est "que les pieds-noirs aillent se faire voir ailleurs". A l'évidence, nous ne sommes toujours pas intégrés ! Même les décorations, même les prébendes que la France distribue largement à celles et ceux qui acceptent de les recevoir, n'arrivent pas à faire cicatriser les blessures. Forcément, le temps passant, les cris vont s'éteindre et les nôtres vont rejoindre l'armée des ombres. Oui, silence, nous mourrons. Les uns après les autres, nous entrons vivants dans nos tombes là où nous attendent nos anciens. Il paraît que Dieu reconnaitra les siens ? Je vois les portes des synagogues, des temples et des églises se fermer mais aussi s'ouvrir celles des mosquées. Nous passons de l'Algérie française à la France algérienne. Où est la victoire ? Où est la Paix ? Où sera la consolation éternelle ? Avant d'être enterré à son tour, mon grand père me disait : "la damnation est que je vais être enterré dans un cimetière que je n'ai pas construit, entouré par des morts que je ne connaissais pas et oublié par mes descendants". Le combat de notre Etat n'est pas de revenir en permanence sur le passé mais de créer, au présent, un avenir afin que nul n'oublie. Que l'on ne compte pas sur nous pour déposer des fleurs fanées sur des tombes dévastées ! Si Dieu a reconnu les siens et qu'il leur promet une félicité éternelle alors nous espérons être un des instruments de la résurrection. Je l'embrasse bien fraternellement. A bientôt dans les nuages qui seront les nôtre, Je suis heureux et fier d'avoir partagé les mêmes luttes que les tiennes Jacques Villard Président de la Fédération des Deux Rives